Conférenciers invités

Mathieu Avanzi (Université de Neuchâtel) - Cartographier la langue avec ses locuteurs : enjeux et apports des sciences participatives

L'essor des sciences participatives a profondément renouvelé l’étude de la variation linguistique. En mobilisant les locuteurs comme collecteurs de données, ces approches permettent d’observer les usages en temps réel et à grande échelle. Cette conférence abordera les défis méthodologiques et interprétatifs de cette démarche, en s’appuyant sur les résultats du projet « Le Français de nos régions ».

Jean-Marie Klinkenberg (Académie royale de Belgique) - Des politiques linguistiques, pour quoi faire ?

Maitriser le langage, c’est dominer le jeu social. C’est dire que la langue est un objet éminemment politique. 

Dans cette conférence, on réfléchira aux enjeux sociaux dans lesquels la langue est impliquée. Sur ces bases, on dégagera les grands principes qui doivent sous-tendre les politiques linguistiques des États démocratiques ; et cela sans se dissimuler les hypothèques pesant sur ces politiques.

Car hypothèques il y a. Certaines d’entre elles ont un caractère très général, mais d’autres pèsent d’un poids tout particulier en francophonie, domaine auquel s’attachera principalement l’exposé. Les structures des institutions francophones — aucune d’entre elles ne menant de politique linguistique à un niveau international —, comme aussi l’imagerie traditionnellement attachée à la langue française, entravent dangereusement l’action de celles et ceux qui entendent s’impliquer dans des politiques linguistiques libératrices. 

Agnès Steuckhardt (Université Paul Valéry - Montpellier 3) - La marche et l’abandon. Délaissements et proscriptions linguistiques dans l’histoire du français

Tout en marchant, le français laisse derrière lui mots disparus, tours démodés, usages obsolètes. La dernière édition du Dictionnaire de l’Académie française par exemple, si elle met en avant les 21000 mots nouveaux qu’une politique d’ouverture a fait entrer dans sa nomenclature, nous permet aussi de découvrir, par son interface numérique, les 785 entrées qu’elle a supprimées, d’apercevance à vétérance, d’aérothéraphie à tachygraphie, de bredi-breda à huhau, de genuche à vive-la-joie. Comment et pourquoi des locuteurs abandonnent-ils les usages linguistiques de leurs prédécesseurs ? S’en détournent-ils sciemment ? Les oublient-ils peu à peu ? On proposera une typologie des abandons, en décrivant leurs différentes modalités : si certains disparaissent à bas bruit dans le temps long d’un système en constant réaménagement, beaucoup sont pris dans le mouvement plus rapide des modes, des argots, des hyperboles et euphémismes. Que ce soit dans le sillage d’un événement qui fait rupture dans la vie sociale ou dans le cadre de réformes terminologiques, d’autres abandons surviennent selon une modalité « catastrophique », dont on donnera quelques illustrations dans l’histoire de la langue française.

Personnes connectées : 3 Vie privée | Accessibilité
Chargement...